À lire trèèèèèèèèèèès lentement avec la bande-son incluse.

 

La lumière peine à traverser les rideaux. Je ne veux pas qu’elle rentre. Je ne veux pas sortir de mon lit. Je me retourne, enfouis la tête sous l’oreiller. Pourquoi me lever ? Ce qui m’attend ne m’enchante guère. Dix milles tâches insignifiantes d’une urgence toute relative, attribuées par un supérieur stakhanoviste. Un rendez-vous redouté chez le dentiste, repoussé sans cesse et désormais inévitable. Une plongée en apnée dans le supermarché le plus proche pour refaire mon stock d’indispensables victuailles. Ça craint… J’enfonce ma tête quelques centimètres plus loin et soupire.

Une lueur me parvient. Pas à travers l’épaisse couche de plumes. Du plus profond de mon être. Aujourd’hui, je vois Ann ! Comment ai-je pu l’oublier ? Je plonge sous la douche, enfile mes fringues de la veille, avale d’un trait un déca soluble, dévale les escaliers, hèle un taxi et reprends mon souffle sur la banquette arrière. Je revois Ann ! La journée se présente sous un tout autre éclairage. Mon supérieur est toujours stakhanoviste. Je m’acquitte de mes insignifiantes tâches avec le sourire. Mon dentiste est toujours redoutable. Je me fais refaire le sourire sans broncher. Mon supermarché est toujours irrespirable. Je salue avec joie le préposé à la caisse et lui soutire un inattendu sourire. C’est l’heure de mon rendez-vous. Enfin !

Ann, c’est ma grand-mère. Cela fait un an que je ne l’ai pas vue. Suite aux « mesures COVID-19 », elle n’avait plus droit qu’aux visites d’une infirmière et d’un de ses enfants. Un seul. Ses petits-enfants, ils pouvaient toujours rêver. J’ai rêvé, alors, longtemps. Douze mois. Aujourd’hui, mon rêve devient réalité. Je vais la revoir. Pas encore la prendre dans mes bras. Ça, on n’a pas encore le droit. Vais-je résister à l’envie ? Et elle ? En tout cas, une chose est certaine : je la vois ! N’est-ce pas la plus merveilleuse des journées ?

PS : Spéciale dédicace à Dearest. 😛

Vous l’aurez constaté : je ne suis plus très actif dans ce coin-ci. Je suis fort pris par mes activités musicales. Principalement le quatuor O!Boy, dans lequel je m’éclate, tout simplement, et ça fait du bien.

Les hasards de la vie m’ont néanmoins amené à écrire un pseudo-haïku pendant un jeu de société réarrangé. Je le partage ici, même si je n’en suis pas particulièrement fier, parce que l’exercice m’a rappelé les joies de l’écriture.

Suspendu là-haut
Sur la poussière d’astres
Infini hors temps

À bientôt !

J’ai écrit un haiku hommage pour un concours de Short édition.

Au levant la vie
bras doux enserrant bras froids
au couchant l’espoir

À ma Nono.

Illustration de Roland Breucker

Le numéro 295 de la fameuse revue Marginales, dirigée par Jacques De Decker et guidée par Jean Jauniaux, sort à l’instant.

J’ai l’insigne honneur d’y voir publié un texte, “Dura lex…”. À acheter dans toute bonne épicerie. Si votre poissonnier n’a jamais entendu parler de Marginales, faites lui une scène !

Bonne lecture.

Souvenez-vous, j’avais envoyé en octobre 2014 un texte très court, Ploc, au concours « Livres en Tête » organisé par shortédition. Le texte avait été retenu pour la finale, dans la catégorie « Savants Fous ».

Quelle ne fut ma surprise de recevoir quelques mois plus tard un e-mail d’eux, dont voici un extrait :

Nous avons le plaisir de vous informer que les clients du café Zoetrope, appartenant à Francis Ford Coppola et situé à San Francisco, peuvent maintenant savourer Ploc pour accompagner leur verre !

Comme vous le savez peut-être déjà, depuis le mois de mai 2016, un Distributeur d’Histoires Courtes a été installé à Zoetrope. Et dans le cadre de ce premier développement à l’international, nous travaillons avec Wendy Cross, une traductrice anglaise, spécialisée en littérature, afin d’offrir les mots et les univers des auteurs Short Edition, aux lecteurs américains.

Nous avons donc décidé de faire traduire Ploc et d’en proposer la lecture aux habitants de San Francisco.

Il ne me reste plus qu’à tenter de me procurer la version anglaise de mon texte. I’ll keep you posted!

Un jour, il y a longtemps déjà, mon pote Farid m’expliquait que pour dire bonjour dans sa famille, on disait « Assalamu alaykum » et que ça voulait dire « que la paix soit sur vous ». Je trouvais ça beau.

Puis un jour, il y a pas si longtemps, j’ai vu sa tête passer dans des messages d’actualité. Des messages qui parlaient de terrorisme et d’attentat-suicide. Je me suis rappelé notre conversation. Je me suis dit que j’avais sans doute mal compris ce qu’il m’avait expliqué. C’est con. J’aurais aimé qu’il me réexplique. Mais là, ça va être difficile : il s’est fait sauter dans une rame de métro. C’est vraiment trop con…

Arbres d’or, ciel bleu
Quarante hommes, femmes sur le pont
Voguent, vivent, oh joie !

Un tout joyeux anniversaire à Ju et Mél !

On vous aime ! (moi, en tout cas 😉 )

Elle – Dis, tu veux bien être amoureux de moi ?
Lui – Ça ne fonctionne pas comme ça, tu sais !
Elle – … S’il-te-plaît ?

Bro : Yo ?
Mofo : Yo, Bro ! Ça roule ou quoi ?
Bro : Hey, Mofo ! Ça fait un bail ! Kestu deviens ?
Mofo : Je sors de quelques mois de trou. La routine, quoi. Et toi, ké niouzes ?
Bro : Ça deale grave. La routine, quoi.
Mofo : Justement, tiens… Je me suis bien fait entuber par un client. Il m’a lâché aux keufs, ce con ! Heureusement, j’ai pu jarter le gros du stock avant qu’ils me coffrent. Mais mon fournisseur la trouve moyen cool que je lui aie pas payé le matos. Il m’attend au tournant. Alors je me demandais si tu pouvais pas me dépanner d’un demi. J’ai pas envie de me retrouver dans le canal cette nuit.
Bro : Yo, pas cool, mec !
Mofo : Je sais, je sais. Tu feras bien ça pour un vieux frère, non ? Tu sais pas comme il est ouf, le Tuco ? J’aurai de la chance si on retrouve tous mes os !
Bro : Ouais, ouais, OK, t’affole pas. Je t’apporte ça au spot habituel.
Mofo : T’es un frère, Bro !

Le lendemain
Bro : Yo, Mofo. C’est Bro. Je voulais savoir si tu avais bien reçu le colis. Take care!

Le surlendemain

Bro : Yo, Mofo. C’est encore Bro. J’espère que tu as bien reçu le colis. Il est plus là en tout cas. Tiens-moi au jus.

Le sur-surlendemain

Bro : Yo, Mofo. C’est toujours Bro. Je commence à m’inquiéter grave. Pas trop envie qu’un demi se soit évaporé. Ni que tu aies des ennuis. Appelle-moi.

Le sur-sur-surlendemain

Bro : Yo, Mofo. C’est de nouveau Bro. Là, je panique à donf, mec. Ça gigote dans tous les coins, la bleusaille, ici. Il s’est passé quelque chose ? Appelle !

Le sur-sur-sur-surlendemain

Bro : Yo, Mofo ?
Mofo : Yo, Bro ! Ça roule ou quoi ?
Bro : T’es toujours en vie, mec ? T’as pas entendu mes messages ?
Mofo : Ah, ouais. Te bile pas, ça roule.
Bro : Ça roule comment ? Elle est où ma came ? Tu pouvais pas me rappeler ?
Mofo : Oh là, tu le prends sur un ton, Monsieur le Directeur, tout doux !
Bro : C’est la meilleure ! J’ai un bro qui disparaît avec un demi et je peux pas me biler ?
Mofo : Ouais, tout de suite, je me prends un peu de off après le bagne et t’en fais une histoire.
Bro : T’as pas imaginé un instant que je pouvais me faire du souci pour toi, après ce que tu m’as raconté ? Et pour mon demi ?
Mofo : Oh, t’es trop chou, Bro.
Bro : Je vais t’en mettre, du chou, espèce d’enfoiré !
Mofo : J’aime quand tu me donnes des petits noms.
Bro : Va te faire mettre, Mofo !
Mofo : Justement, tiens… Tuco a remarqué que la came venait pas de chez lui et il est pas content. Elle est moins pure, soi-disant. Alors ce con, il veut que je lui ramène encore un demi de « cette merde » comme il dit. Alors je me demandais si tu pouvais pas me dépanner d’un demi. Si je lui ramène pas ça, je risque bien de me faire mettre profond.
Bro : Yo, pas cool, mec !
Mofo : Je sais, je sais. Tu feras bien ça pour un vieux frère, non ? Tu sais pas comme il est ouf, le Tuco ? J’aurai de la chance si on me retrouve en un morceau !
Bro : Ouais, ouais, OK, t’affole pas. Je t’apporte ça au spot habituel.
Mofo : T’es un frère, Bro !

 

PS : Le titre ne fait aucunement référence à la chanson d’Archive, bien que j’en sois amateur, comme je le suis de prétéritions.

– Hé, Maman, pourquoi il y a Manneken-Pis là ?
– Manneken-Pis ? Où, mon chéri ?
– Là, accroché au mur !
– … Je ne vois… Ah, là ! Mais ce n’est pas Manneken-Pis, mon chéri. C’est Jésus.
– C’est qui, Jésus ?
– Jésus, c’est un monsieur important qui a vécu il y a longtemps et qui a inspiré beaucoup de gens à faire des choses bien.
– Comme Manneken-Pis ?
– Comment ça ?
– Madame Jessica nous a expliqué quand on a été voir la statue de Manneken-Pis qu’il a fait pipi et que ça a donné du courage aux soldats.
– Ah, je ne savais pas. Alors on peut dire que oui, c’est un peu comme ça. À part que…
– Mais pourquoi il est sur une croix, Jésus ? Manneken-Pis aussi était sur une croix, en vrai ?
– Euh… Pas que je sache. Jésus, des méchantes personnes ont voulu le mettre sur une croix pour l’empêcher de dire des choses qui inspirent les gens.
– C’est les méchants qui ne voulaient pas que les gentils gagnent ?
– Oui, en quelque sorte. Mais finalement, ils ont quand même gagné.
– Les gentils ?
– Oui. Parce que Jésus est ressuscité et que grâce à cela, plein de gens sont inspirés à être gentils, encore aujourd’hui.
– Ça veut dire quoi, résucité ?
– Ça veut dire qu’il était mort sur la croix et qu’il est redevenu vivant après.
– Waw, comment il a fait ça ?
– On appelle ça un miracle.
– Je peux faire ça aussi ? Comment on fait ? Tu m’apprends ?
– Malheureusement non. J’aimerais bien, chéri, tu sais.
– Oh… Flûte…
– Oui, flûte, comme tu dis.
– … Et il a fait pipi de sa croix, Jésus ?
– Non, mon chéri.
– En tout cas on dirait Manneken Pis.
– Oui, mon chéri.

Inspiré d’une remarque d’un de mes neveux. Merci à lui. 🙂

Wikipédia nous apprend ceci de Manneken-Pis :

Le Manneken-Pis, signifiant « le gamin [qui] pisse » en bruxellois est une fontaine surmontée d’une statue en bronze d’une cinquantaine de centimètres représentant un petit garçon nu en train d’uriner. Elle est située au cœur de Bruxelles, dans le quartier Saint-Jacques, à deux pas de la Grand-Place, à l’intersection de la rue de l’Étuve et de la rue du Chêne. Cette statue est le symbole de l’indépendance d’esprit des Bruxellois.